« Le défi de la requalification de l’îlot des Palais de Québec réside dans le respect et la mise en valeur des fouilles archéologiques et dans la théâtralité et la mise en scène de son architecture et de son aménagement. »

1) Respect et mise en valeur des fouilles archéologiques

A) Le pavillon Jean-Talon

L’idée directrice du pavillon Jean-Talon est celle d’un édifice jaillissant des fouilles archéologiques et qui flotte dans l’espace. Ainsi se trouve dégagé un rez-de-chaussée transparent, perméable, permettant un contact visuel non seulement vers les entrailles du 1er Palais, mais encore vers le second Palais.
L’emprise au sol du pavillon Jean-Talon est basée sur le périmètre des murs du 1er Palais, hormis le surplomb du second étage, côté fortifications, qui permet la protection et l’enchâssement du niveau primitif de la rue de Saint-Vallier.
L’ancienne rue de Saint-Vallier et son dallage sont révélés à partir d’une passerelle de verre émergeant des niveaux supérieurs du pavillon Jean-Talon et descendant dans l’axe de l’ancienne rue jusqu’en son point le plus bas. Cette descente rappelle symboliquement celle de la Haute Ville à la Basse Ville.

B) La cour d’honneur, l’aménagement du site

L’aménagement de la cour d’honneur s’inspire de la nature même du terrain soit des retranchements, des ouvertures, des cassures, etc. On y retrouve, tel des plaques tectoniques émergentes, des terre-pleins triangulés bordant les grands axes qui assurent, entre autres, la liaison entre la rue Saint-Nicolas, la rue Saint-Paul, et la cour d’honneur.

Au coeur de ces terre-pleins angulés est enchâssé l’amphithéâtre extérieur que surplombe la passerelle reliant les 2 anciens palais. L’aménagement de cet ensemble suit encore la déclivité descendante vers le niveau d’origine, dallé, de la rue de Saint-Vallier.

C) Le second Palais

Les vestiges du second Palais de l’intendant ont l’avantage de ne pas être uniquement archéologiques : une partie des voûtes est demeuré intacte. À demi enfouies du côté de la cour d’honneur, ces voûtes sont au niveau du sol, du côté de la rivière Saint-Charles, et constituent donc un rez-de-chaussée.

C’est dans un souci de différencier l’architecture existante que les volumes manquants seront reconstitués intégralement avec des matériaux différents (béton et verre). Cette différenciation démontre la volonté de transmettre une connaissance exacte du monument historique et se situe dans les courants actuels d’intégrations architecturales.

2) Théâtralité et mise en scène

A) Le pavillon Jean-Talon
– Émergence du sol : l’accueil, son hall et ses fonctions sortent de terre, surgissent du passé pour monter vers les fortifications et soutenir le corps principal du bâtiment.
– Puits de lumières : comme des tuyaux d’orgues, 4 grands puits de lumières orientés vers des vestiges importants du 1er Palais ponctuent l’intérieur du pavillon Jean-Talon : les 4 thèmes évoqués sont la brasserie, le palais, les prisons, le magasin du roi.
– Parcours muséographique : À partir du hall, le visiteur est amené au premier étage où débute le parcours muséal. Ce parcours forme un circuit contrôlé vers le bas en empruntant plusieurs passerelles transparentes, assurant ainsi un contact permanent avec les fouilles. Le rez-de-chaussée, à peine plus haut que la partie haute des fouilles, est constitué de passerelles qui suivent l’empreinte des murs les plus importants du 1er Palais.
– La descente vers les sous-sols : le passage obligé sera marquant car non seulement il renvoi aux origines du 1er Palais, mais encore, il . emprunte les vestiges de la tour d’escalier du 1er Palais. À la base de cette tour s’ouvre alors la brèche souterraine menant vers la partie nouvelle, en pointe, où se retrouve le lieu d’exposition temporaire. À partir de cette dernière salle débute le lien souterrain vers le second Palais.
– La salle multimédias : loge au niveau supérieur, à l’est du pavillon et a été voulue en pente abrupte afin que les fouilles soient vues le mieux possible. Les parois de la salle deviennent opaques au moment du spectacle.
– L’espace découverte : sur 2 niveaux, logé comme une marquise à l’extrémité ouest dans un espace inusité et isolé, c’est le «triangle flottant ». Cette petite aile, comme une marquise, coiffe et marque l’allée axiale de la cour d’honneur menant au second Palais, tout en rappelant l’existence des bâtiments érigés au 19ième siècle à cet endroit.
– La torsion du bâtiment : exprime la fonction non cadrée du 1er Palais, caractérisé alors par son imbrication de volumes et de hauteurs; elle souligne également les époques successives d’occupation de ce palais.
– L’enveloppe : constituée d’une double peau de verre et de métal, elle permet un jeux de transparences et d’opacité. Elle permet aussi l’établissement d’un bâtiment vivant et en interaction avec son environnement extérieur.
– Ensoleillement : le pavillon ne porte aucune ombre sur le second Palais.

B) La cour d’honneur

– L’emphase de l’aménagement de la cour d’honneur est mise sur le second Palais. Cette cour a été pensée telle une agora dont les paliers montent vers l’entrée du second Palais, tout comme l’accès d’origine montait de la rue de Saint-Vallier vers le second Palais.
– Les axes principaux de circulation sont volontairement très marqués et dynamisent le terrain afin de mettre le site en liaison avec le contexte urbain environnant.
– La surface de la cour d’honneur se veut mouvementée, rappelant ainsi les différentes occupations historiques du site et le dynamisme de ce dernier à travers les siècles.
– Les plans d’eau, à l’arrière du second Palais et jouxtant l’axe en pointe du pavillon Jean-Talon se veulent un rappel du fleuve.
– L’allée centrale joue un rôle clé dans cet aménagement car elle marque par sa passerelle l’axe menant de la rue de Saint-Vallier au centre du second Palais. Cet axe est aussi accentué par la brèche sur la façade de la rue Saint-Vallier.

C) Le second Palais
– Les volumes et ouvertures du second Palais reconstruits seront identiques au palais d’origine; c’est toutefois dans un matériau brut et lourd, soit le béton qu’il sera reconstruit. L’emploi du béton permettra, entre autres, d’évoquer la masse et l’épaisseur des maçonneries anciennes ainsi que la profondeur d’origine de toutes les embrasures et des ouvertures reproduites.
– Une seconde peau, soit l’enveloppe proprement dite, sera de verre. L’emploi du verre engendre d’importants effets de lumière qu’augmentera l’apport de sérigraphies. Cette seconde peau, juxtaposée à une structure de béton, répond à un principe bioclimatique qui fera témoigner le second Palais de sa contemporanéité.
– La différenciation entre les volumes originaux et ceux reconstitués est importante. Nous avons choisi cette approche, à l’opposé de la reconstitution à l’identique, car elle nous a semblé plus dynamique et qu’elle nous a laissé une plus grande liberté d’action. En effet, non seulement la partie que nous reconstituons témoignera de la contemporanéité de son époque mais encore, elle permettra des renvois à des étapes d’occupation du site tel que celle de l’enclos de 1694, soit la palissade de Prévost, qui fermait le site et dont nous rappelons le tracé par un axe de panneaux vitrés et mobiles, sous le premier étage arrière du palais reconstitué. Ce geste rattache le site au tracé récent de la rue des Prairies, ainsi qu’à la vie et à la réalité du quartier du Palais.
– Le caractère protocolaire des espaces qui logeront au second Palais, la prédominance de la masse de ce dernier dominant la cour d’honneur, font appel à une théâtralité à laquelle l’aménagement de la cour entend répondre C’est aussi pourquoi le nouveau parvis, donnant accès au second Palais, se déploie-t-il également sur une quantité de gradins supérieure à celle de l’escalier d’origine : Faut-il se rappeler que le second Palais, en 2008, ne fera plus face à un 1er Palais transformé alors en magasin du roi, ni à la simple cour d’un palais qui était plutôt orientée, en 1727, vers ses jardins et la rivière?